Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Les voyages de Fanny

13 décembre 2010

Novembre 1997 à février 1998

Oh ! Terre d’Irlande, accueille-moi comme l’un de tes enfants ! Prends-moi et berce-moi dans tes vertes collines, murmure-moi à l’oreille, l’une de ces chansons douces et mélancoliques dont tu as le secret.

Mercredi 12 novembre. Traversée.

De l’autoroute. Je mange les kilomètres. Le Pays de Galles est magnifique, avec des côtes arides et des vallons verdoyants. Je me perds dans Dublin aux heures de pointe, me fait copieusement arroser de klaxons et parviens finalement à retrouver le Nord. A partir de la frontière, les routes sont de meilleure qualité et la circulation plus fluide.

Jeudi 13 novembre. Ballycasttle.

Petit hôtel tantinet routard au bord de la mer, auberge de jeunesse privée, pour 40 F la nuit. Je me ballade en chaussettes au coin du feu. Je ne comprends pas ce qui se dit. La télé est allumée. J’ai donc le choix entre écouter ou pas, pratique quand il y a du monde. La cheminée toute en briques est recouverte de cartes postales et de post-it. Pas de Français ici, et pour cause, l’adresse figure dans le Lonely et pas dans le Routard. Dans l’Irish Times, Louis Woodwards is free. Je n’aimerais pas l’avoir comme baby-sitter. A la télé, une émission vétérinaire nous explique que toute la création se soigne en UK : tortues, grenouilles, souris, chats, chiens...

Vendredi 14 novembre. Bushmills.

Les moutons, les vaches et les chiens s’éparpillent de temps à autre sur la route qui serpente au milieu des pâturages. Les falaises sont recouvertes de fougères rouges de l’automne, de mousse et de genêts. L’endroit est désolé et venteux, et l’espace infini est recouvert de lambeaux de nuages. Mes joues ont rosi sous l’assaut du froid. Au détour du chemin, je découvre une crique charmante au sable fin et humide, immaculé. L’eau qui coule de la falaise creuse des rigoles grisâtres qui s’en vont comme autant de petits fleuves rejoindre la mer.
Je visite à Bushmills la plus vieille distillerie du monde, 1606 (Kronenbourg date de 1664). Il y règne à certains endroits une ambiance chaleureuse, balayée par les effluves sucrées et maltées du whiskey irlandais.
Soirée au pub Marine. Derrière le comptoir, une jolie irlandaise rousse de carte postale, visage rond à peau d’albâtre, ponctuée de taches de rousseur et encadré par des boucles dorées, volette d’un bec à l’autre.

Samedi 15 novembre. L’arrivée.

Je longe la mer, les plages immenses de sable doux bordées de dunes et de terrains de golf, balayées par un vent glacé. Un merle dodu pique du nez et vient frapper l’avant de ma voiture. Il gît sur le côté de la route. Après avoir tenté un sauvetage dérisoire, je le relâche dans un champ. Il vole mais son aile blessée le déséquilibre. Il se déporte sur la gauche.

Arrivée à Dundonald, je découvre une maison déserte et glacée, le chauffage éteint. Peu à peu, j’entrevois la personnalité de mon hôtesse, célibataire sans enfants, adepte de l’Eglise Presbytérienne, fonctionnaire vivant dans une petite maison, dans un petit lotissement de briques, cubes tous pareils, alignés bien sagement, dans lequel vivent des gens très sages. Je me sens étrangère. Il ne faut pas juger trop vite, mais je suis loin des salles de concert, de cinéma, et des pubs.

Lundi 17 novembre. L’agence.

Ceci est mon premier test sur un ordinateur qui fait un bruit de casserole. On m’a donné une antiquité, et je ne suis pas branchée sur le réseau. Le clavier ignore les accents et les lettres ne sont pas à la même place que sur les claviers français.

Je suis installée à mon bureau, dans l’agence pour l’emploi de Belfast, et comme dans de nombreuses administrations françaises, on ne se presse pas. Ce n’est pas une fourmilière. Chacun prend son temps et personne ne parle fort. Les nombreuses pauses cigarette et pauses café sont ponctuées par quelques périodes d’activité, car les Irlandais semblent apprécier, autant que les Latins, raconter des histoires que le moindre événement vient alimenter. Les chaises sont bleu vif, les murs gris moucheté, le plafond bas. Quelques jeunes visiteurs viennent prendre des renseignements, mais l’Europe ne les intéresse pas. Ils rêvent d’Amérique et d’Australie. Nous sommes au deuxième étage, dans le département Nord Belfast. Pour le moment, seuls les quartiers ouest sont décentrés. Il y a là-bas deux agences, une pour le secteur catholique et une pour le secteur protestant. Les autres suivront dans l’année.

Dehors, le ciel est agité par un vent violent qui amène des rafales de pluie légère sur les blocs de briques rouges de Belfast. Je digère difficilement un feuilleté de poulet béchamel.

Mardi 18 novembre. Brooklands.

La maison de Carolyn est une maison en briques entourée de trois côtés par un petit jardin. Rien ne la fait se distinguer parmi les innombrables autres maisons similaires et sagement alignées du lotissement de Brooklands. C’est une cité dortoir, sans âme et sans caractère, et dans laquelle tous les bruits, hormis le grondement du vent, violent sur le plateau, semblent étouffés.

Plusieurs fois par jour, le petit camion blanc de l’épicier vient casser la monotonie du quartier. Les enfants, prévenus par une sirène qui chante comme une boîte à musique, se précipitent hors de leurs maisons pour acheter chocolats, glaces et sodas. La pluie et la nuit donne à cette boîte à merveilles, un aspect féerique, et je résiste difficilement à la tentation d’y chercher quelques friandises.

Dans le quartier, traditionnellement loyaliste, le mur principal d’un bâtiment aux vitres brisés, est recouvert d’une peinture représentant une main rouge, emblème d’un commando tristement célèbre pour ses exactions envers la communauté catholique et plus couramment, symbole de l’Ulster.

Mercredi 19 novembre. Les collégiens.

Les  collégiennes que je vois monter dans le bus tous les matins, ont le nez retroussé. Un chouchou maintient leurs cheveux en arrière et la peau de leurs joues rondes a la transparence de la pêche. Elles portent un uniforme composé d’une veste de laine courte de couleur vert bouteille à écusson brodé, d’un pull assorti et d’une cravate rayée noire et or sur une chemise blanche parfaitement repassée. Elles l’humanisent parfois en le complétant avec des souliers à hauts talons, de grandes chaussettes et une jupe courte qui laisse apparaître leurs cuisses nues. De tout jeunes garçons, au visage imberbe et rondeurs enfantines, arborent le même uniforme, mais sexe oblige, avec pantalon. Les yeux encore envahis par le sommeil, tout ce petit monde se retrouve, se parle, mais sans agitation, comme si la nuit n’était pas tout à fait terminée.

Jeudi 20 novembre. Le Festival de Queen.

Pendant tout le mois se déroule le festival de Queen. Coincée à Dundonald, mal desservi par les bus de nuit (le dernier est à onze heures), je suis contrainte de faire l’impasse. Les parkings du centre sont horriblement chers : 10 F de l’heure. Il est interdit de se garer librement en ville et le stationnement interdit y est vivement déconseillé. La police vous repère en quelques minutes.
Il y a de nombreuses manifestations : cinéma, expos, théâtre. Dommage ! je parviens à voir la production new yorkaise de Peter Klein Porgy and Bess à l’opéra. Superbe ! 20 black pour chanter, danser et jouer parfaitement leur rôle. Et la salle de l’opéra est magnifique, fin de siècle, avec des boiseries, des lustres, du velours et des éléphants. Je fais le tour des galeries et ateliers d’art avec un bus gracieusement  mis à disposition.

Vendredi 21 novembre. Comprendre.

Je ne comprends rien de ce qui se dit. Les gens ont un accent très prononcé et incorporent des mots de patois obscurs. Aucun effort. Ils ont si peu l’habitude de rencontrer des gens d’ailleurs. Ils ne s’intéressent même pas à ce que je suis, d’où je viens. C’est comme si la Grande-Bretagne faisait éclipse à l’Irlande du Nord. Ils ignorent l’Europe, pensent que Strasbourg est en Allemagne, ne connaissent pas Homère ou Tarzieff. Pas moyen de parler d’art, de culture, de voyage, de politique, de sexe. Parler de chevaux, de mariages, d’enfants, de potins, de travail…J’en ai assez des banalités familiales et climatologiques !

Lundi 24 novembre. Le cessez- le feu.

Je n’ai vu que deux chars anti-émeute. Ni militaires ni policiers dans le centre. Discrets. Les gens attendent un résultat des pourparlers de paix. Pour le moment, à la veille des fêtes de Noël, les voitures sont garées n’importe comment. Il y a moins de fouilles qu’à Paris. Les camionnettes de police sont impressionnantes, blindées, de couleur grise, elles ressemblent plutôt à des fourgons militaires. Il y a encore un an, le centre était fermé à la circulation et il y avait des patrouilles permanentes. Facile d’isoler la ville, de jolis portails rouges l’encerclent. On les oublie quand ils sont ouverts. Ils sont même plutôt décoratifs.

Mardi 25 novembre. S’alimenter.

Je ne mourrai pas de faim en Irlande. Le pain et la viande à Belfast sont délicieux. On peut trouver tous les produits de base, et même du vin, très international, d’excellents vins rouges du Chili, d’Afrique du sud et d’Espagne. Le choix en yaourts est un peu limité, mais moins cher qu’en France, le fromage est prohibitif. Les gens peuvent manger correctement, sauf qu’ils ne le font pas, accordant leur préférence aux fast-food, ou remplaçant leur repas par de la bière. Dans les restaurants, il y a de supers petits plats à 30 ou 40 francs. La bière se boit par pintes (40 cl) et ça descend sec dans les bus. Boire est un sport national. Les huîtres coûtent 5 francs l’unité. On trouve difficilement des  produits de la mer, poissons et crustacés, curieux pour une île de pêcheurs.
Chaque jour, je me grignote quelques champignons de Paris tout blancs et tout frais, un goût de noisette jamais vu auparavant.

Mercredi 26 novembre. Le climat.

Le mois de décembre a fait une avancée toute en douceur, avec des températures comprises entre 7 et 10 degrés. Malheureusement, il pleut tous les jours. Une pluie fine et tiède qui ne résiste pas longtemps à la chaleur de la ville. Ainsi les trottoirs, les manteaux, les cheveux sèchent comme par enchantement. En hiver, la nuit quasi éternelle crée une impression d’isolement, d’enfermement. Pas un rayon de soleil n’apparaît dans le ciel éternellement pluvieux, et l’horizon est si réduit qu’il est difficile d’imaginer la proximité de la mer et les grandes étendues sauvages avoisinant la ville.
Dimanche, après avoir soufflé en rafales sur le plateau de Dundonald, accompagnant la pluie et fouettant violemment les carreaux, le vent s’apaise finalement. Profitant de cette accalmie, je sors m’asseoir sur le perron, et je regarde défiler les nuages lourds et déchirés au-dessous desquels tournoient des oiseaux aux cris perçants. Au sein de cette terre aquatique émergeant de l’océan, attaquée puis balayée par tous les vents de l’ouest, ma mémoire appelle quelques fois le souvenir des ciels lumineux et ensoleillés des Vosges.

Lundi 1er décembre. Déménagement.

Je déménage. La maison, plus spacieuse, est située dans  un coin qui ressemble au quartier des Quinze : rivière, arbres, espace, mais avec briques et bi-maisons. Je suis à dix minutes à pied de l’Université de Queen et pourrai aller à mon travail à pied. Ma chambre est un peu plus chère que l’a précédente : 1650 F, mais quel plaisir d’être dans la vraie ville !

Mardi 2 décembre. Le froid.

Le froid a chassé les nuages. Au-dessus de ma tête, le ciel de Belfast est d’un bleu pur, l’air est sec, et les gens marchent un peu plus rapidement. Je ne reconnais plus la ville, habillée de teintes nouvelles et chaleureuses qui recouvrent les murs comme des draperies de satin. C’est comme si en quelques instants, la toile du monde était passée sans transition  du noir et blanc à la couleur. Le manque de relief provoqué par la grisaille a totalement disparu pour laisser place à une multitude de détails architecturaux. Frontons, sculptures, peintures habillent les façades revêtues de bleus et de verts éclatants. Au bout de la rue, s’élève une colline au relief dépouillé, vierge de toute habitation, que la limpidité de l’air a fait surgir du néant. En fin d’après-midi, je regarde vers le couchant, émerveillée, les nuages isolés bleus et roses qui flottent sur un fond de ciel émeraude.

Samedi 29 novembre. Les pubs.

Je visite quelques pubs. Le Crown, le plus beau et le plus ancien, celui qui a réussi à échapper à tous les attentats, a servi de décor pour un film hollywoodien. Magnifique, avec des boiseries sculptées partout, des lions et des aigles, des vitraux et des petits compartiments comme dans un train et dont on peut fermer la porte pour s’exclure du tumulte Même les pubs récents ont l’air ancien. Il y règne une ambiance chaleureuse et sans chichi, propre à l’Irlande. Les gens y sont sympas et souriants.
Le samedi, campés devant plusieurs chopes de bière en attente, les Irlandais s’étourdissent jusqu’à la fermeture et se déversent ensuite sur les trottoirs. Vers 2 heures du matin, on se croirait dans La nuit des morts vivants ! Errant, titubant, ils envahissent les rues du centre à la recherche d’un taxi. Les filles restées sobres soutiennent leurs hommes quasi inconscients. Les autres, les yeux vitreux, butent contre les voitures aux conducteurs compréhensifs. Hallucinant !
Jeudi 4 décembre. Insomnie.

Insomnie , tu me mines.
Depuis mon déménagement, je n’ai pas fermé l’œil.
Les habitants de notre bi-maison, côté gauche, ont une pendule qui sonne à tue-tête, de plusieurs ding-dong, a longueur du jour et de la nuit. Je l’entends toute proche, qui résonne à l’intérieur de mon matelas et perturbe mon sommeil. Elle semble avoir fait alliance avec le lampadaire de la rue, placé juste en face de ma fenêtre, car à travers les rideaux, une lumière néonifère parvient à pénétrer dans ma chambre, exerçant sur mes rêves un pouvoir excitant et cauchemardisant. Ne pouvant combattre l’agression, j’use mes sens et mon dos, m’agite inutilement en cherchant l’obscurité et le silence. Le lendemain, traits tirés, yeux cernés et tête embrumée, je marche comme un automate et poursuis ma nuit jusqu’au soir.

Mardi 9 décembre. Coup de blues.

J’ai le mal du pays. C’est venu soudainement, accompagné de larmes. J’ai toujours du mal à passer le cap des quatre semaines de voyage. C’est un point de rupture. Je me pose des questions existentielles telles que “ Que fais-je ?, Où vais-je ? ”. Je n’ai pas de réponse ; famille et amis me semblent inaccessibles. Je me retrouve seule face à moi-même et à mes choix.

Morosité encore accentuée par l’inactivité au bureau, l’obscurité et la grisaille de l’hiver, les difficultés à comprendre la langue et le manque de courrier. Pas une lettre de France, pas la moindre nouvelle. Je conçois que la notion du temps puisse être complètement différente pour ceux qui voyagent et pour ceux qui restent, mais le fait est là. On m’a oubliée, ou plutôt rangée dans le tiroir de la commode à souvenirs, en attendant mon retour en chair et en os.

Les gens n’aiment pas écrire. Pire encore, ils ne connaissent pas, pour avoir peu voyagé, l’importance de ces lettres qui construisent un fil entre chez soi et ailleurs. Les mots les plus anodins me permettent de visiter quelques instants les odeurs, les goûts, les sons et les lieux familiers qu’ils font apparaître. Je construis des images et circule dans un imaginaire sécurisant emprunté à ma mémoire.

J’ai acheté des livres en Français, dont Grenadou, paysan français ; je me suis branchée sur le journal d’Europe 1 et j’ai mangé du pâté.
Le lendemain, je reçois ma première lettre… puis les suivantes.

Jeudi 11 décembre. Les trottoirs.

Vous pensez peut-être qu’il n’y a pas grand-chose à écrire au sujet des trottoirs d’une ville moyenne européenne. Du macadam, des pavés toujours gris… Alors, vous ne connaissez pas les trottoirs de Belfast.

Sur le sol d’ici, en moyenne plus propre que nos trottoirs à nous, on trouve des emballages de bonbons, barres chocolatées, fast-food, sandwiches, que les gens ne cessent de grignoter toute la journée.
Pas un magasin qui ne propose un large éventail de sucreries ! Quatre mètres de linéaire avec plusieurs étagères est monnaie courante, et les horaires d’ouverture permettent de satisfaire les creux tardifs ou dominicaux. Si jamais, en faisant quelques courses de dépannage alimentaire, vous avez pu réussi à oublier vos envies de chocolat, vous pourrez vous rattraper à la caisse où de petits présentoirs se chargent de remettre les étourdis dans le droit chemin.

Au centre-ville, les poubelles ne sont pas éloignées les unes des autres de plus de vingt mètres, mais certains Irlandais  ne les utilisent pas quand elles ne sont pas là au moment précis de leur lâcher de papier. Vu la quantité de friandises consommées, elles semblent cependant être largement utilisées.

Vu sous un autre angle, personne n’a intérêt à changer ses habitudes, parce que ça ferait disparaître des emplois. Les nettoyeurs en uniforme vert fluo sont là, certains à pied, d’autres avec une longue baguette terminée par une pince, qui ramassent un par un, les détritus. D’autres poussent des machines à balayage rotatif, qui nettoient et avalent tout ce qui traîne par terre. La pluie achève le nettoyage par un  dépoussiérage quotidien, ce qui fait que la ville respire la propreté.

A cette saleté anodine, aurait pu s’ajouter un fléau bien connu de nos rues françaises, la merde de chien. O, il n’en est rien. Imaginez le plaisir que j’éprouve tous les jours à ne pas slalomer entre les crottes. Quand je pense à nos trottoirs, c’est d’abord l’odeur qui me revient en mémoire, cette odeur tenace qu’on trimbale après être sorti de sa voiture sans regarder, en avoir couvert le tapis de sol, puis le reste du trottoir qui avait été épargné, puis le premier paillasson venu. Il n’y a en fait  pas de chiens dans les rues. Heureusement, parce que s’il y avait autant de chiens que de consommateurs de friandises… !

On ne voit pas non plus ces longues traînées luisantes qui sillonnent nos trottoirs accompagnées généralement, surtout aux heures chaudes de l’été, d’une épouvantable odeur d’urine, et qu’on ne peut pas toujours attribuer à la seule race canine. Les hommes boivent de la bière ici, sans doute plus qu’ailleurs, mais ils ne confondent pas la cuvette des WC avec la porte cochère de votre immeuble !

Vendredi 12 décembre. Le téléphone.

Bernie est rivée au téléphone, des heures par jour avec ses copines d’Irlande ou des Etats-Unis. Elle parle très fort, rit encore plus fort, couvre le son de la télé qu’elle laisse allumée. Quand on est issu d’une famille de 6 à 10 enfants, le bruit est relatif.

Samedi 13 décembre. Le Belfast Telegraph.

Tous les soirs, le Belfast Telegraph fait un petit flop en atterrissant sur la moquette, jeté par un petit paperman à travers l’ouverture prévue à cet effet dans la porte d’entrée. Sa lecture est idéale pour apprendre l’Anglais, car les mêmes mots et les mêmes événements y sont répétés jour après jour.

On y trouve généralement trois sortes de nouvelles qui résument assez bien l’activité politique en Irlande du Nord :
Les rencontres, pourparlers et déclarations, dont on a l’impression qu’ils n’en finissent pas, et qui ne débouchent pas sur grand chose, les meurtres de catholiques par des protestants apparemment sans autre mobile que celui de la haine inter-communautaire, et les troubles qui ne manquent pas de se déclencher chaque fois qu’il y a une marche.

Malgré la qualité médiocre de ses articles, on peut motiver son achat par de nombreuses raisons :
C’est d’abord un des rares journaux qu’on puisse lire partout, car apparemment sans étiquette politique. On m’a vite expliqué, par exemple, qu’il valait mieux ne pas lire l’Irish Times, d’obédience républicaine dans le bus qui mène à Dundonald, banlieue loyaliste. Logique ! C’est également le journal local qui relaie les petits et les grands événements de la vie sociale. Peu de nouvelles internationales, des pages consacrées aux mariages, cultes, promotions de Noël, offres d’emploi, beaucoup de bla-bla, toujours le même.
Enfin, comme tous les journaux britanniques, son prix est attractif : 31 pence, ce qui fait 3 francs. A ce prix, la presse est vraiment populaire.
Quelques fois, le dimanche, j’achète le Times, tellement épais qu’une semaine m’est nécessaire pour le lire.

Ma rubrique préférée, c’est la météo, parce qu’il fait toujours plus chaud à Belfast qu’à Paris, et plus encore qu’à Strasbourg.

Dimanche 14 décembre. Derry.

Ma sœur a renoncé à m’écrire, et nous restons plus d’une demie heure au téléphone. Son appel fait suite aux informations télévisées qui relayent les troubles de Derry, où une marche loyaliste, prise en sandwich entre Républicains et service de sécurité des RUIC, s’est terminée par des affrontements, bombes incendiaires, voitures brûlées et vitrines brisées… rien qu’on ne pouvait prévoir, rien de  bien différent de ce qui se passe dans certaines de nos banlieues.

Lundi 15 décembre. Le sapin.

Bernie est allée chercher la boîte à sapin dans le grenier, un sapin tout ce qu’il y a de plus faux, mais d’une hauteur de deux mètres et assez touffu pour faire illusion. Nous passons une heure à emboîter les morceaux, puis à installer les lumières. Trois petites voisines toutes blondinettes, âgées de quatre à six ans, viennent le décorer. Elles sortent de la boîte de gros nœuds de velours rouge, d’autres en papier doré, des cerises et des boules rouges, des cœurs de bretzel, des fleurs de lys, des hippocampes et des pommes de pin. Pas de guirlandes. Les petites filles reparties, nous changeons la disposition de toutes les décorations, en tenant compte de l’équilibre des formes et des couleurs. Nous le trouvons beau, notre sapin !

Le lendemain, Bernie revient les bras chargés de décorations : faux paquets de Noël miniatures, pommes rouges et cheveux d’anges en papier doré. Le vert disparaît sous la masse.

Mardi 17 décembre. Bus et taxis.

Certains bus de Belfast ne sont pas seulement des bus. Ce sont également des panneaux d’affichage publicitaires qui  vantent les mérites d’une station de radio, de Marks and Spencer, du Ketchup ou des bières irlandaises... Entièrement peints de couleurs vives afin d'être mieux vus, puisque telle est leur seconde fonction, ils ressemblent à de gros jouets d’enfants.
Ils partagent cette ressemblance avec les taxis, de grands taxis noirs ou bordeaux, luisants de propreté, avec leur petite loupiotte jaune “ taxi ” sur le devant de leur tête, leurs phares tout ronds et leur cabine surélevée qui vous permet de voir la ville d’en haut. Gros comme des scarabées, souvent hargneux, ils se glissent dans la circulation avec une souplesse surprenante.

Jeudi 18 décembre. Un jour nocturne..

Je ne peux profiter de mon unique cigarette de la matinée. Le vent qui souffle en bourrasques retourne plusieurs fois mon parapluie, mais les baleines résistent au choc. Je remets mes menottes gelées par l’air glacial, dans la chaleur douillette de mes gants de cuir. Les lampadaires du centre-ville restent allumés toute la journée.

Samedi 20 décembre. Repas de Noël.

Le repas traditionnel de Noël est le même pour tout le monde : une soupe de légumes  et d’orge en entrée, des escalopes de dinde avec de la gelée de groseilles accompagnée de patates, de choux de Bruxelles trop cuits et de carottes, puis le Xmas pudding, sorte de pain d’épices très sucré farci de gros raisins secs et servi avec de la crème blanche, écœurant ! Une fois ça va ; mais à partir de la deuxième, vite l’an prochain. En fait, je trouve ça franchement dégueulasse !

Mercredi 31 décembre. Réveillon de Nouvel An.

Nous passons la soirée dans un pub catholique d’Oomagh, Co Tyrone. Un bal country, un homme seul qui vaut un orchestre et sa guitare électrifiée. Tout le monde danse. Seul problème : les pubs d’Irlande du Nord ferment à deux heures. Beaucoup sont allés en Irlande du Sud, où la fermeture théorique est la même, mais où la petite porte de derrière et de solides volets clos permettent à tous de rester jusqu’à l’aurore.

Mardi 8 janvier. Flash d’actualité.

On vient de retrouver une voiture avec 250 kilos d’explosifs.

Mercredi 9 janvier. Les murals.

Profitant d’un jour sans pluie, mais sans lumière, je pars faire des photos des murals de Shankill, quartier protestant, et de Falls, quartier catholique, à l’ouest de Belfast.
A Shankill, les murals représentent des hommes en armes, casqués et vêtus de noir. Pas d’autre idéal que la guerre pour la guerre. Doctrine fascisante. Les murals de Falls sont plus variés. Des hommes armés aussi, mais des colombes de la paix, des chevaux, des enfants, les couleurs vives de l’espoir et du rêve. De vrais peintres. Une rumeur m’a dit que la même société réalisaient les murals des deux communautés. Vrai ou faux ? Je n’y crois pas.

Mercredi 14 janvier. Retour à la violence.

Je n’écris plus depuis des semaines. Je me sens seule et déprimée. J’attends Muriel.
Les attentats ont repris. Tous les dimanches, on retrouve le cadavre d’un catholique : chauffeur de taxi ou travailleur social, la haine frappe au hasard. Le Belfast Telegraph sème des paroles de sang et de guerre : peace process in  danger, crisis, murder… pas moyen d’échapper à la lecture de la une étalée sur les pancartes dans les rues, sur les journaux gratuits, aux infos. Toute la journée, on vous distille de la peur à dose homéopathique. Les yeux et les oreilles enregistrent des messages subliminaux pervers et dûment acceptés.  Après ça, beaucoup ne pensent qu’à noyer leur crainte dans “ Coronation street ”, soap opera british, Dallas version prolo, tombant bas dans la meringue d’une série à la con qui fait plus pour l’occupant anglais que plusieurs décennies de guerre.

Publicité
Publicité
13 décembre 2010

Juillet 1990

Le glacier

Liderwatt, Cachemire indien, 29 juillet 1990


Nous quittons le refuge où nous avons passé la nuit, dès le lever du jour, afin de gagner le glacier du Kolohoï à 5 heures de marche. Bien que situé à 3800 mètres d’altitude, notre but ne présente apparemment pas de difficultés pour de bons marcheurs. J’ai laissé Sophie, blessée, à la base et me suis adjoint la compagnie d’une solide Américaine, Betty.

L’unique sentier surplombe une rivière de montagne claire et tortueuse. De temps à autre de petits ruisseaux nous coupent le passage, qui venus d’on ne sait où du sommet de la montagne, regagnent la rivière en contrebas. Quelques ponts rudimentaires ont été aménagés à l’aide de planches disjointes et de pierres. Sans les Cachemiris, dans ce paysage d’altitude, nous pourrions nous croire dans les Alpes suisses et non dans l’Himalaya.

Les paysans que nous rencontrons, pour la plupart d’origine pakistanaise, ont tous des vêtements sombres, un turban, une barbe noire et un teint hâlé. La plupart vont nu-pieds. De jeunes bergers s’égaient dans les pâturages, gardant des vaches rousses et efflanquées qui mâchent du carton ou broutent sur des cabanes aux toits en terrasse recouverts d’herbe.

Parties par beau temps, vêtues d’un short, d’un tee-shirt et d’un coupe-vent, nous sommes surprises de constater que les Cachemiris se sont équipés, ce jour-là, d’un parapluie noir. Le ciel bleu augure une journée magnifique et le soleil est à peine voilé de temps à autre par des filets de nuages. Le paysage est contrasté ; les hauts sapins cèdent la place à des feuillus au tronc blanc et fragile qui poussent bizarrement, torturés comme des sculptures, perpendiculairement à la pente, cependant que le chemin devient moins large et le terrain plus accidenté. Puis, la végétation se fait de plus en plus rare, petite et résistante, et nous arrivons vers midi en vue du glacier. Immaculé, blotti dans son antre entre les deux flancs de la vallée, il laisse échapper de sous son manteau la rivière que nous avons suivie jusque là, et renvoie avec ardeur les rayons brûlants du soleil.

Assise sur une immense roche plate, je m’offre le luxe d’une cigarette, laquelle est vite écrasée car l’altitude fait s’emballer mon cœur comme un cheval fou. La pierre est douce et chaude, l’air léger. Les derniers randonneurs sont repartis mais nous sommes si bien dans ce coin perdu sur le toit du monde que nous en savourons chaque instant.

Une pluie fine se met à tomber. Comme il nous reste plusieurs heures pour le trajet du retour, nous choisissons d’attendre une accalmie sous une tente montagnarde. Une femme nous propose du thé et des gâteaux pour quelques roupies. Une heure plus tard, la pluie ne semblant pas disposée à s’arrêter, nous décidons de rentrer. Le paysage s’est métamorphosé. L’air est devenu humide, presque froid et la montagne a perdu toute convivialité. Optimistes et insouciantes, nous adoptons un pas de promenade, car notre planning a été respecté.

A peine avons-nous parcouru quelques centaines de mètres, que tout à coup, un bruit sourd me fait lever la tête vers le sommet de la montagne à ma droite. Un rocher vient de se détacher, entraînant à sa suite un torrent improvisé et des multitudes de pierres qui dévalent l’ancien couloir d’avalanche dans lequel nous venons de nous engager. Nous rebroussons chemin en courant à perdre haleine sur les pierres instables pour nous mettre à l’abri. Une fois les pierres parvenues dans le torrent en contrebas, la nature retrouve son équilibre, et nous pouvons courageusement retraverser le couloir, guettant avec crainte le moindre mouvement de roche.

Pressant le pas, nous réalisons alors que nous sommes seules et inexpérimentées dans un environnement inconnu et sans doute dangereux. Comme une réponse venue confirmer nos pensées, le tonnerre tombe comme une bombe en ébranlant la montagne et une pluie diluvienne s’abat sur la vallée, noyant le paysage dans un brouillard si épais que nous ne pouvons plus rien voir au-delà de quelques mètres. La langue acérée des éclairs vient fracasser et déchirer les sommets. Le sol se met à trembler. L’obscurité nous enferme brutalement dans un cauchemar. Pris dans la tourmente, nous ne reconnaissons plus rien du trajet de l’aller ; le paysage s’est métamorphosé. La rivière en crue a pris la couleur et la texture de la boue et gronde comme un fauve. Son courant animé de violents tourbillons arrache les arbustes à sa portée, dévorant toute vie végétale et animale. Les petits ponts ont disparu et de multiples ruisseaux nés de l’enfer courent à présent sur la pente, serpentant comme des reptiles autour de nous.

Nous rejoignons un groupe de Cachemiris, deux touristes et leur guide. Loin de nous apporter le réconfort escompté, ils sont contrariés de nous savoir sans lampe et s’étonnent de notre tenue estivale. Après ce constat, ils nous ignorent. Au cours de ce bref échange, nous avons le temps de lire la peur dans leur regard et leurs gestes nerveux. Leur réaction, bien que désagréable, a le mérite de nous faire prendre conscience du danger que nous encourons. Nous nous accrochons en silence à leur pas pourtant rapide comme deux naufragées à une bouée de sauvetage.

A mi-parcours, nous sommes stoppés par une jeune rivière, plus impétueuse et plus large que les autres. Durant une heure, nous la parcourons à la recherche d’un gué. Toute retraite est impossible. La pente raide de la montagne mène à droite à son sommet déchiré, et à gauche à la rivière déchaînée. J’envisage l’idée de finir stupidement et prématurément  mes jours, soit de froid, soit emportée par un torrent de boue. Je suis transie, trempée jusqu’aux os et, comme une bête traquée, j’essaie vainement de trouver un passage sûr, en lançant des bouts de bois et des pierres qui se laissent emporter en un instant.

Tout à coup, Betty s’écrie : « Par-là, il faut traverser par-là ! » et s’engage dans l’eau. Sans prononcer un mot, nous nous cramponnons désespérément les uns aux autres en file indienne. Nous savons qu’ainsi attachés, nous serons trop forts pour nous laisser prendre par le courant, ne pensons à ce moment précis qu’à sauver notre propre vie. L’eau frappe nos genoux et tente de nous de nous faire perdre l’équilibre, en vain.

Parvenus sains et saufs sur l’autre rive, nous laissons libre cours à notre soulagement. Rires, embrassades, félicitations, trois Musulmans se permettent ce jour là une accolade amicale sans aucune arrière-pensée avec deux jeunes Européennes.

Le reste du parcours se déroule sans incident. Nous atteignons le refuge à sept heures et demie. Deux minutes plus tard, le rideau de Dame Nuit nous ensevelit. Sans pouvoir prononcer un mot, je m’abats sur le lit. Sophie me déshabille, me frictionne et je m’endors sans plus attendre.

Betty me dit le lendemain : « J’ai prié Dieu de m’aider à traverser ».
A aucun moment, je ne me suis tournée vers le ciel pour réclamer du secours. Le danger me l’a fait oublier. Je me souviens seulement avoir fait appel au courage et à l’instinct de survie, comme un animal qui cherche à sortir d’un piège, avoir pensé aussi que ma prochaine réincarnation se ferait sans doute au cœur de l’Himalaya.
Si sa foi ne l’avait pas soutenue, aurions-nous osé faire le premier pas ?

13 décembre 2010

Le chameau blanc



Valentin voulait à tout prix monter sur un chameau. On lui en trouve un grand, blanc, jeune et dynamique, qui n’a jamais été monté par un touriste.

Et le voilà qui s’emballe et se met à courir en entraînant le mien auquel il est attaché. Je hais les chameaux !

13 décembre 2010

L’eau.



Nous avons emmené des jerricans et une immense outre en peau de chèvre remplis d’eau potable. Pour me laver, j’utilise sagement le contenu d’un gobelet de métal rouge, car l’eau est notre bien le plus précieux. Nous faisons souvent la vaisselle avec du sable, mais nous réapprovisionnons régulièrement dans les trous d’eau cachés, abrités du soleil, sur lesquels des libellules sorties de nulle part effectuent des  pirouettes rapides et légères.

13 décembre 2010

Le silex.


Nous trouvons un silex taillé. J’essaie d’ imaginer à quoi ressemblait son dernier propriétaire ! Sur les rochers, sont gravés de merveilleux dessins de girafes, de vaches, de gazelles et d’éléphants. A perte de vue, des pierres et des dunes multicolores, poussière de sable si fin qu’il ne laisse aucune trace sur nos mains.

Publicité
Publicité
13 décembre 2010

La sieste.


La sieste est très longue au mois d’août, quatre ou cinq heures à l’abri d’un rocher. Seul avec ses pensées. Valentin prend un cours de langue touareg. En échange, il donne un cours d’informatique non appliqué à Mohammed, à l’aide du seul magazine qu’il a emporté de France. Il apprend également à faire le thé et à le verser de façon à ce qu’il fasse une belle mousse et à fabriquer la taguella que l’on met à cuire sous le sable, dans les braises. Son regard s’éclaircit chaque jour, les traits de son visage se détendent. Pendant les pauses, Khibba fait sécher de la viande sur les rochers brûlants. Rien ne pourrit ici, rien ne disparaît. Souvent, les endroits que nous choisissons pour nous y arrêter sont sales, couverts de détritus, canettes et sacs en plastique. Si personne ne les enlève, ils témoigneront de notre présence dans les prochains millénaires.

13 décembre 2010

Le serpent.



Les hommes ont montré de l’anxiété toute la soirée, mais nous n’avons pas su pourquoi. Ils sont restés réveillés durant la nuit, en se relayant. Le lendemain, ils nous ont montré les traces d’un serpent le long de nos matelas. Imperturbable, Valentin continue à prendre son matelas pour s’éloigner le plus loin possible de nos veillées tardives, seul, derrière une dune de sable.

13 décembre 2010

Les frelons.


Sous les arbres, nous buvons du thé et faisons la sieste. Des frelons volent autour de nous sans nous attaquer. J’ai le malheur de me coucher sur l’un d’entre eux qui n’apprécie pas cette familiarité et m’expédie illico son dard dans l’épaule. Ouaïe !

Je me sens envahie par une douce torpeur. Mon bras me brûle. Je bois du thé très fort. Nous n’avons emporté aucun sérum, ni pour les frelons ni pour les serpents ni pour toute autre bête inconnue et dangereuse.

13 décembre 2010

En bordure du Ténéré.



Sortant d’un dédale de rochers érigés comme des champignons, nous parvenons au Ténéré. Plat, gris, uniforme comme du bitume, il renvoie une lumière glacée. Seules traces du passage de l’homme, une pancarte « Berlier », du nom de la marque des camions qui empruntèrent les premiers cette piste à présent oubliée et d’anciennes traces de pneus gravés dans le sol aride.

A cet endroit, sont morts une quarantaine de Nigériens venus dans un camion surchargé chercher l’Eldorado. Le camion est tombé en panne. Parti seul à Djanet, le guide a survécu, mais n’a pas donné l’alerte. Ne voulant pas dévoiler son trafic, il les a laissé mourir de faim et de soif. Certains corps n’ont jamais été retrouvés.

Prise d’une nausée subite, je me lève brutalement de mon matelas. Je ressens une douleur aiguë au genou. Mon ligament s’est déchiré. Je suis tétanisée.


13 décembre 2010

Rencontre.



Nous échangeons notre bel os contre des légumes frais. Il servira à parfumer la soupe. Tout le monde est content.

Publicité
Publicité
1 2 3 4 5 6 > >>
Les voyages de Fanny
Publicité
Publicité