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Les voyages de Fanny
13 décembre 2010

Sagain

Sagaing

M7-  A Sagaing, Kaung Hmu Daw, le plus grand sein du monde, a du atterrir et poser son globe au milieu des ruines des temples nature. Les sentiers courent sur la colline en des milliers de marches. Partout, des monastères, les anciens en bois de teck sculpté, les plus récents exhibant le miroir de leur tôle ondulée.  Moines drapés dans leurs habits rouges, tels des coquelicots, taches de lumière, nonnes rasées drapées dans leurs habits roses, forment des bouquets mouvants. Des carrés de tissu plié leur couvrent la tête ; l’une d’elle porte une ombrelle pour se protéger du soleil. Je parcours le serpent de pierre qui gravit la colline, et de là, de nouveau, redécouvre l’immensité et l’infinie beauté du paysage. Puis, parmi les représentations de Bouddha à travers l’Asie, je cherche l’idéal de mes yeux.

Ava

Ava la grande, un pont tisse jusqu'à toi, sa fine toile de métal suspendu. Cependant, pour des raisons d’économie que nous ne cherchons pas à approfondir, nous atteignons Ava après une courte traversée en bateau. Nous empruntons une carriole tirée par un cheval famélique qui va de site en site en trottinant. Au milieu des étangs, la tour de guet ne guette plus que les restes d’une piscine sans eau, dans laquelle plus aucun roi ne se baigne. Les paysans pêchent dans leurs champs inondés, ignorant le monastère brodé de teck aux  lourds piliers,  les souterrains mystérieux du monastère des femmes en ocre jaune et rieur. Des Garudas menaçantes protègent des coffres d’or aux quatre coins de l’horizon.

Amapura

Nous atteignons enfin Amapura par un pont de bois de plus d’un kilomètre. Petites pauses ombragées, friandises à grignoter. Une nuée de photographes essaiment l’endroit, car les Birmans qui ont aussi leurs lieux de rêve et d’immortalité, se font prendre en photo sur le pont, en famille ou en amoureux. Le vent manque de me faire chavirer d’un bord à l’autre. Je bute sur les lattes de bois.

Chevaux et cavaliers se baignent, ne laissant dépasser que leur tête dans le soir tombant. Soudain, à cause d’un moment de confusion, de maladresse insouciante, mon appareil photo chute durement sur le sol marbré. Il fait un bruit net, le son inexorable d’un corps qui tombe et qui se casse. Je n’ai plus envie d’admirer les fresques des plafonds du roi Mingus car l’attelle de ma mémoire est morte. Je m’efforce de rester sereine et patiente et d’espérer. D’adresse en adresse, le corps de mon appareil sans vie passe de main en main. Au fond d’une ruelle boueuse, un petit homme ajuste ses lunettes. Dans une vitrine, sont alignés de vieux appareils en métal. Pour travailler, une table unique, encombrée d’outils et de pièces hétéroclites. Je m’assois, je le regarde faire, je le vois opérer par le miracle de la superglu, allié à une bonne connaissance du métier. Ça marche. Mon cœur a repris sa place. Je paie le miracle avec une poignée de kyats. Fin de la journée. La nuit ne m’a pas attendue. Je me sens lasse.

A table, le soir, nous sommes trois continents, cinq pays, muets du plaisir de se restaurer. Autour de notre silence, l’agitation, fast, very fast good food à la chinoise. Non, à la chan cooking. Dans la rue, à travers l’obscurité, la vie continue au ralenti. Nous nous y glissons. Il n’y a pas de lampadaires. Sur une terrasse, je réinvente le banana lassi.

La nuit est difficile. J’essaie de tousser le venin qui brûle mes bronches acidulées. Demain, j’arrête les cherots.

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