Vendredi 12

Nous quittons Percé, embarqués par la belle-sœur du tenancier de Pétrocanada (une institution ici), qui nous dépose devant la porte de sa maison, et revient m’offrir une petite rose de Percé, mauve soutenu et petites feuilles rondes et serrées. En stop, on parle de chasse aux perdrix, aux caribous, de pêche au saumon, du ski-doo l’hiver, et du hockey en toutes saisons. Après une jeune femme rieuse à l’accent chantant, un jeune couple nous prend à Sainte-Thérèse de Gaspé. Pick-up, tente, c’est la fin de leurs vacances. Nous sommes invités à casse-croûter. Prenant un sentier vers la mer, nous débouchons, dans un bosquet, sur un chalet tout simple. Devant la porte, une Coccinelle jaune vif, dans un état impeccable, et un berger allemand aux yeux mordorés. Dans le chalet, nous sommes accueillis par un parfum de bois frais. Tous les murs sont en lambris bruts. La maison, construite sur trois niveaux qu’elle dévoile au milieu du salon, est une savante composition d’escaliers, de passerelles. Levant les yeux vers le plafond, je vois l’arête du toit. De grandes baies vitrées ouvrent sur la mer. Elle est louée avec l’équipement moderne, les bibelots et les meubles du propriétaire. Labatt bleue, clams frits, tomate et salade croquante, glace au chocolat et vanille, toasts. Un léger casse-croûte canadien !

Déposés à New Carlisle, nous sommes pris par un hockeyeur semi-professionnel, qui se rend à Causapscal pour son entraînement du week-end. Pause repas à Carleton. Il pleut très fort. Stéphane choisit de continuer sa route avec lui, pour se rapprocher de Québec. Je me fais déposer à Pointe à la Garde, au château. Le château est une dépendance de l’auberge de jeunesse, située au bord de la route. Très kitsch, entre château fort en legos et château de Walt Disney, il est construit tout en bois, au milieu de la forêt. Dédié à Véronique Samson, il se nomme Château Bahia, comme la chanson. Je préfère m’installer à l’auberge, plus chaleureuse. Je retrouve là, plusieurs Français rencontrés à Gaspé, et nous mangeons un festin de roi au château : Ragoût, sauce aux fruits de mer, pâté de poisson, une sorte de ratatouille, riz, salade aux pommes et aux raisins. En dessert, du quatre-quarts, glace vanille et coulis. J’en pique une ration pour alimenter une Française en panne d’argent. Au coucher, le débordement de la cuvette des W.C arrache des cris perçants à une jeune Anglaise, planté devant l’eau qui s’écoule à ses pieds.